_3ème partie____
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LES COMMUNAUTÉS SPORTIVES NUMERIQUES
Nous assistons à l'émergence de modalités de pratiques sportives très originales. Contrairement à celles que nous connaissions depuis les années soixante, toujours connotées d'une dimension politique comme l'éducation ou la santé, les nouvelles modalités sont à "valeur politique zéro". Très éloignées des propos officiels visant à promouvoir un sport d'utilité publique, elles sont exclusivement promues par les réseaux sociaux et des applications numériques développées par des start-up. Elles échappent ainsi complètement aux discours politiques et sont dénuées de toute dimension institutionnelle.
Il s'agit d'une innovation sociale totale !
Elle va nous contraindre à revoir en urgence les méthodes et moyens de gouvernance du modèle sportif français.
Revu et corrigé par une société ultra connectée et des sportifs adultes qui, contrairement aux idées reçues, pratiquent peu [selon le Rapport 2017 du Ministère des Solidarités et de la Santé] et sont très majoritairement non licenciés, le sport est engagé dans une phase de son histoire qui rompt avec les modes officiels de pilotage édifiés au cours des années soixante. De nouveaux types de structures dématérialisées discréditent - c'est-à-dire, en fait, ubérisent - les formes traditionnelles de promotion du sport établies dans le cadre régalien du service public. Cela signifie que le sport qui vient produira des organisations alternatives dont les valeurs sociales et sociétales exploitables politiquement disparaîtront... A moins qu'une initiative politique d'envergure, visant à aider le mouvement sportif à réaliser sa transition numérique via le Big Data et l'Intelligence Artificielle [I.A.], ne soit prise au plus haut niveau de l'État.
Pour le sport français, une approche par le Big Data et l'I.A. tranformerait en profondeur son management et renouvellerait son marketing. Ces nouvelles pratiques de pilotage amélioreraient les approches antérieures jugées trop datées. Trois secteurs seraient impactés.
• La qualité des données exploitables grâce à la traçabilité de leur origine.
• La maîtrise de nouveaux modèles d'analyse.
• La protection des données.
La gouvernance du sport serait alors entièrement rénovée. Elle entrerait dans une nouvelle ère ; celle du prescriptif qui succèdera aux modèles prédictifs. Ce serait une avancée majeure. Elle lui permettrait d'intégrer aisément la grande rupture organisationnelle du sport contemporain.
L'élément le plus visible de cette rupture se repère facilement dans des engouements inédits en matière de sociabilités sportives. En moins d'un demi-siècle, les pratiquants ont ainsi plébiscité trois types d'organisations correspondant culturellement à des systèmes sportifs très différents : les clubs associatifs des sports olympiques, les tribus des sports de glisse et, aujourd'hui, les communautés dématérialisées des sports numériques. Cette dernière phase est celle de la surexploitation des smartphones qui sont aujourd'hui devenus l'accès de référence aux données Internet. Combinée à l'I.A. ils correspondent à des terminaux de plus en plus intelligents que les fédérations sportives ne peuvent plus ignorer. Ils seront en effet bientôt capables de faire des choix de services sportifs à la place de leurs propriétaires. Imaginez un instant ce qui se passerait si les fédérations olympiques n'étaient pas référencées dans les sources identifiables par les mobiles. C'est simples: elles disparaîtraient de l'écosystème sportif en tant que productrices de services...
Ce n'est pas tout ! Les smart cities [villes intelligentes, ndlr] vont vite intégrer la gestion et la promotion du sport dans les nouvelles potentialités numériques qu'elles offriront à leurs administrés.es. Les services des sports des communes piloteront des dispositifs locaux de type "Sport-tech". Combinant Big Data, smartphones et I.A., ils orienteront bientôt les choix des sportifs en fonction des politiques territoriales. D'ores-et-déjà des start-up proposent des solutions numériques permettant d'impliquer les citoyens. Un exemple ? Fluicity leur donne la parole sous une forme dématérialisée pour faire état de leurs besoins, aspirations ou motivations dans tous les secteurs de la vie urbaine. En instaurant une "ligne directe" entre les élus locaux et leurs administrés.es, ces applications sont capables d'ubériser instantanément les fédérations sportives qui n'ont pas réalisé à temps leur transition numérique.
Nous proposons de baptiser la phase contemporaine : le "Sport 3.0". Elle s'établit en effet chronologiquement à la charnière des 20ème et 21ème siècles à partir de l'identification de trois cycles historiques successifs comme le montre la figure suivante.
Les conséquences de tels changements sont, on s'en doute, considérables.
En 2020, ils s'accompagneront de multiples effet secondaires dont le moindre ne sera pas le manque de compétences-clefs relatives au pilotage du Sport 3.0 par les fédérations sportives. De ce strict point de vue, l'urgence devrait aller aujourd'hui à la conception de programmes de formations et de recherches adaptés à cette nouvelle donne. Ils devront être élaborés sur la base de nouveaux critères correspondant à des formes de pratiques dématérialisées qui remettent en cause toutes les constantes relatives au sport du 20ème siècle. Sachant que la filière STAPS n'a pas encore assimilé tous les critères correspondants aux sports de glisse, on mesure l'importance et l'urgence des mises à jour nécessaires en termes de contenus de formations et de programmes de recherches.
Le tableau suivant établit la liste des 18 critères de changements discernables à partir des trois principales modalités de pratiques identifiables sur la période considérée [134 ans].
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MODALITÉ DE PRATIQUE NUMÉRIQUE
| Le cas de Julie totalement accro à son appli STRAVA.
Julie fait partie de la Génération Y.
Française de 24 ans, célibataire, cadre intermédiaire dans une grosse PME implantée dans une ville de province, elle assouvit trois fois par semaine une passion de plus en plus addictive pour le running. Julie n'a jamais envisagé d'accéder au monde des athlètes en rejoignant le club d'athlétisme de sa commune. Il n'est pourtant guère éloigné de son lieu de résidence. A vrai dire, elle n'y a même jamais pensé. Ses amis coureurs sur Facebook étant tous connectés à une application mobile et à un site spécialement dédiés au running, elle les a tout naturellement rejoints sur la base d'une relation sportive dématérialisée. Il ne lui a pas fallu longtemps pour comprendre que le service que lui proposait une start-up californienne appelée STRAVA était un réseau social parfaitement conçu pour ceux qui s'investissent dans l'effort. Elle y a rapidement trouvé ses marques.
Sportivement très active, Julie poste trois fois par semaine sur le réseau californien. Avec son smartphone et son GPS, elle suit ses sorties et partage ses performances avec ses amis à partir de multiples paramètres et fonctionnalités : calendrier, événements, kilométrage, dénivelé, temps, vitesse, type de parcours, cartographies, allure, distance, comparateur d'effort comme le fameux Suffer Score by Strava. Une fois son entraînement terminé, elle dispose de l'actualisation automatique de la data qui lui permet d'analyser son activité de manière longitudinale à partir de constantes physiologiques qu'elle peut partager avec sa communauté. Sur le flux STRAVA, chacun apprécie ou évalue ainsi les prestations des autres en distribuant des Kudos [félicitations, éloges] ou en postant des commentaires.
En activant un Beacon [un repère géo-localisable], Julie partage sa position sur le parcours en temps réel avec ses partenaires d'entraînement, son coach, son copain lorsqu'il cherche à la rejoindre sur un segment ou encore avec son médecin ou les forces publiques en cas d'urgence. Son smartphone est devenu un dispositif d'optimisation ultra sophistiqué dédié aux sports d'endurance. Synchronisé avec des fonctionnalités de types GPS, capteurs cardiaques ou senseurs de puissance, il est un véritable processus d'optimisation de l'effort physique ; une sorte de coach numérique personnel.
Julie envisage de s'équiper du nouveau service WEZR. Il s'agit d'une micro-station météo nomade créée par une start-up montpelliéraine. Elle la clipsera sur son short de façon à suivre la météo locale en live et à anticiper des conditions défavorables si nécessaire.
Elle est devenue totalement accro à son appli STRAVA qui la surprend par sa créativité, la qualité de ses services et les potentialités qu'elle recèle. Il faut dire que ses lointains souvenirs scolaires des cross UNSS ne l'avaient vraiment pas préparé à ça. Comment aurait-elle pu imaginer que de tels services pourraient être un jour proposés à des passionnés de courses à pieds avides d'efforts physiques ? Elle a récemment eu vent d'une info surprenante : via une technologie nommée Blockchain qu'elle ne connaît pas, elle va pouvoir disposer d'un dispositif de classements certifiés qui va lui ouvrir de nouveaux horizons.
Fan de photo et de vidéo, Julie fait bien plus que tracker ses sorties d'entraînement, elle en diffuse les images et dispense ainsi son expérience sur son flux. Ses amis faisant de même, elle découvre de nouveaux itinéraires cartographiés qu'elle peut emprunter sans risque d'erreurs de parcours et en étant certaine qu'ils correspondront à son niveau. Loin de chez elle, lorsqu'elle est en vacances ou en déplacements professionnels, elle profite des "segments" balisés par des milliers d'athlètes STRAVA pour s'étalonner et se comparer sur des spots qu'elle ne connaît pas avec des partenaires inhabituels. Chaque segment faisant l'objet d'un temps de référence, Julie ne se sent jamais en terre inconnue même à des milliers de kilomètres des ses parcours habituels. De façon à étendre son terrain de jeu, Julie va s'engager dans une nouvelle expérience que lui propose Virgin qui a lancé Virgin Sport.
Last but not least : il existe dans le monde des centaines de milliers de communautés STRAVA identiques à celle de Julie. Elles ont ubérisé les clubs d'athlétisme créés au 20e siècle.
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Nous allons extrapoler l'expérience running de Julie en la généralisant à d'autres sports. L'objectif est d'identifier les conséquences des nouvelles modalités de pratiques aux plans politiques, industriels et commerciaux.
NOUVELLES METHODES D'ANALYSES
Aujourd'hui, les décideurs sont en difficulté lorsqu'il leur faut définir avec précision et exhaustivité la véritable structure du sport français. De nombreuses erreurs sont actuellement commises. Les modalités d'analyses classiques ne suffisent plus. Pour accéder à un niveau de connaissances satisfaisant, la solution consiste à exploiter un dispositifs méthodologique baptisé Web Social Intelligence.
Comment ?
Pour répondre, il faut d'abord identifier les raisons des difficultés actuelles. Stable depuis les années 1950, l'écosystème du sport s'est brutalement complexifié au cours de la décennie 1980. Cette complexité s'est ensuite accentuée dans les années 2000. Aujourd'hui, les choses sont simples : le sport français est quasi-illisible pour qui ne maîtrise pas un minimum de paramètres explicatifs. Le social média intelligence, c'est-à-dire une nouvelle capacité méthodologique d'approche des "communautés sportives" via le décodage systématique de leur présence sur les réseaux sociaux, est alors une aide précieuse qui renouvelle en profondeur la Valeur Data du sport.
Cela exige toutefois l'abandon de la vision traditionnelle que nous utilisions pour décoder le sport du vingtième siècle.
Nous l'avons déjà expliqué en détail [voir supra - Le nouveau paradigme sportif 2010-2030 ], la première chose à admettre est que la distinction fédérale classique par silos disciplinaires (athlétisme, natation, judo...) n'est plus opératoire. D'autres éléments interviennent dans le décryptage des transformations du sport contemporain. Ils sont au nombre de six. [1] Le système de valeurs propre à certaines grandes "catégories" sportives, [2] celui des leaders d'opinion, [3] les technologies exploitées par ceux que l'on nomme les early adopters, [4] l'expression des différentes "communautés sportives" identifiables via le Web Social, [5] les changements sociaux et [6] ceux de la démographie sportive. Ce sont là autant d'analyseurs considérés comme particulièrement fiables par les nouveaux professionnels du marketing sportif.
Une condition est toutefois nécessaire pour les exploiter de manière optimum : maîtriser les nouvelles méthodologies numériques d'une "Science de la data sport" très récente issue du concept de Social Media Intelligence.
Reste que les matrices d'analyses complexes et les algorithmes propres à ce nouvel environnement Sport & Webmarketing qui, il faut le reconnaître, ne sont exploités en France que par quelques formations commerciales up to date, ne se dévoilent jamais en dehors de certains cercles restreints car très professionnels. Et pour cause ! Ils relèvent du "secret défense" car ils constituent le cœur de leur business modèle.
Nous nous proposons pourtant d'en dévoiler ici certaines orientations et conclusions. Nous allons en effet vous révéler les principales "Communautés sportives" qui constituent la base du Social Listening [l'écoute du Web Social] permettant à des marques d'identifier les tendances que des études marketing conventionnelles seraient incapables d'extraire de la masse de données disponibles sur le Web.
L'objectif est d'offrir à chaque lecteur, notamment aux étudiants en management et marketing du sport, un nouvel outil de compréhension des marchés. Une sorte de revue des secteurs stratégiques.
Vous le constaterez, même si la simplicité prévaut [cette nomenclature n'utilise aucun jargon et revendique même un certain humour], elle permet néanmoins l'exploration de secteurs commerciaux inédits. Ils sont potentiellement porteurs de nouveaux services destinés à des sportifs oubliés par l'Etat et les fédérations ; certains depuis des décennies : les Silvers, les Traceurs, les Glisseurs, les IOTS ou encore les Haltérofilles (sic).
Vous êtes étonnés par ces substantifs ? C'est normal ! Ils ne sont jamais apparus sur les écrans radars du mouvement sportif...
La matrice à double entrée qui conclura cette présentation constitue donc le "cœur du réacteur" de cette nouvelle "Science de la data sport" que beaucoup d'observateurs et d'acteurs du sport appelaient de leurs vœux. Vous le constaterez, elle autorise une analyse marketing extrêmement fine et totalement inédite des marchés du sport. En l'utilisant pour votre compte personnel, vous découvrirez qu'elle est capable de générer de nouveaux gisements de valeur et des pistes très originales conduisant aux pépites industrielles et aux start-up sportives de demain.
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LES PRINCIPALES COMMUNAUTÉS NUMÉRIQUES
Revenons à Julie. Son cas est singulièrement intéressant car il illustre bien la problématique sportive contemporaine. Elle fait partie d'une nouvelle communauté numérique en pleine expansion que l'on appelle les IOTS [Internet Of Things dédié au Sport]. Cette population ultra connectée s'inscrit en tête d'une nomenclature de huit principales communautés digitales identifiables via l'analyse de la "Data Sport" disponible sur le Web en 2017.
Nous les décrivons ci-dessous | ATTENTION : cela ne présuppose pas que cette nomenclature soit figée pour les années à venir.
1 - LES IOTS
Ce sont les plus prometteurs en termes de marchés sportifs à l'horizon 2025. Ils correspondent à l'extension récente [2010] du Web Social dans le sport. Sur-utilisateurs des IoT - Internet of Things ou Objets Connectés dédiés au sport -, ce sont eux qui produisent le fameux "minerais-source" que l'on nomme la "valeur data" aujourd'hui exploité par certaines agences de marketing sportif. A une condition toutefois : que celle-ci soit "Big". Pour cela on peut leur faire confiance. Les IOTS sont en effet de très gros consommateurs de réseaux sociaux. Ils ne peuvent pas faire un parcours de running référencé sur Strava, par exemple, sans qu'immédiatement leurs amis en profitent via leurs smartphones. Ils produisent donc de la "donnée massive" [Big Data] en quantité industrielle. Ce sont eux qui inventent actuellement les très prometteurs futurs services du Sport 3.0 dans la foulée de la fameuse Génération Y.
• Leur attribut majeur ? Précurseurs - forcément ! -, ils tracent aujourd'hui les pistes technologiques de l'économie du "sport qui se pratique" de demain. On les retrouve dans de très nombreuses activités : running, VTT, ski & snowboard, parkour, wingsuit,... la liste est longue.
• Leur limite marketing ? L'infobésité ! Sans modèles d'analyses pointus basés sur des algorithmes et des dashboards complexes, il est strictement impossible de les comprendre.
• Leur disruption sportive à venir ? Ils vont adorer les classements sportifs non certifiés par les fédérations conçus à partir de la technologie Blockchain.
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2 - LES GLISSEURS
Les Glisseurs sont les très anciens précurseurs de la désintermédiation sportive institutionnelle [aujourdhui, "Uberisation", ndlr]. On regroupe sous cette dénomination l'ensemble des pratiquants qui rejettent le modèle sportif fédéral. Nés il y a 70 ans sur le spot de Torquay, au sud de Melbourne en Australie, ils sont identifiés en France par les sociologues dès le début des années 1970 au moment de la création des 100 kms de Millau. Ce sont alors des ex soixante-huitards proches des écolos. Ils valorisent le Catalogue des Ressources, la proximité de la nature et plébiscitent les théories de Thoreau et les romans de Kerouac, notamment le livre "On the road" qui devait engendrer le concept de "Sport de Glisse". Si ces sources alternatives se sont progressivement affaiblies, ils se réfèrent toujours quelque part plus à des valeurs contre-culturelles qu'à des techniques sportives. C'est la raison pour laquelle, même si leur technique ne les conduit pas à glisser, les grimpeurs sont des Glisseurs au même titre que les surfeurs. Aujourd'hui, en termes de technologies numériques, ils sont plus iOS qu'Androïd. Mais cela pourrait changer.
• Leur attribut majeur ? Un peu datés dans leur approche alternative du sport, les Glisseurs marquent aujourd'hui le pas. Leurs enseignes totémiques aussi. Pour autant, rien ne dit que cette situation est définitive. Ils pourraient bien revenir en grâce médiatique à la faveur d'un retour au sport vintage... On les retrouve dans toutes les pratiques sportives de pleine nature.
• Leur limite marketing ? Ce sont des experts ! Or, une élite n'a jamais constituée un marché de masse.
• Leur disruption sportive à venir ? La surexploitation des Cybersports en milieu urbain plus pour l'entraînement que pour le fun.
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3 - LES SILVERS
Les Silvers ont été identifiés récemment. Agés de 60 ans au minimum, ils correspondent à une communauté mixte, bien que majoritairement féminine, qui n'existait tout simplement pas en tant que marché sportif de masse il y a dix ans. Le concept-clé de "Vieillissement sain" qu'ils ont élevé au rang de credo a beaucoup surpris les milieux médicaux. Très logiquement, ils plébiscitent les sports de lenteurs au détriment des sports de vitesse et valorisent la découverte et l'exploration des sites plutôt que leur simple traversée dans un objectif de performance. Ce sont eux qui ont fait exploser le secteur commercial de la chaussure de marche. Connaissant leurs limites, ils cernent toujours leurs ambitions sportives. Ainsi, ils distinguent bien la marche nordique et le longe-côte du trekking et du running. Adeptes du sport-santé, ce sont probablement eux qui se connaissent physiquement le mieux et, pour cette raison, ils pourraient vite constituer un marché secondaire mais néanmoins prometteur des IOTS.
• Leur attribut majeur ? "La démographie française étant sur le retour, leur avenir sportif n'est plus derrière eux" (sic). Ce point n'a pas échappé à des marques ciblant les seniors pourtant fort éloignées du marché du sport mais qui voit là un secteur de diversifications intéressant. On les retrouve dans tous les sports de plaisance.
• Leur limite marketing ? Dans le contexte actuel du vieillissement de la population française, ils n'en ont pas.
• Leur disruption sportive à venir ? Les fédérations olympiques refusant de les reconnaître en tant que "sportifs", ils constituent une cible de choix pour les startups proposant des services qui ubérisent les institutions.
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4 - LES TRACEURS
Les Traceurs sont les héritiers du Parkour et du Freerun. Leur terrain de jeu est constitué de sites urbains ou naturels qu'ils cherchent systématiquement à transgresser. Capables de prouesses inimaginables par les "simples" gymnastes, par exemple, balisant des zones sportives jusqu'alors inconnues, jaloux de leur autonomie mais ne se déplaçant qu'en meutes, ils sont surtout des adeptes du beau geste et, pour cette raison, n'hésitent pas à qualifier "d'Art du Déplacement" les techniques qu'ils inventent. Leur communauté revendique ouvertement un système de valeurs structuré par des mots-clés comme contrôle, persévérance, méthode, confiance, liberté, tolérance, entraide. S'ils rejettent quelque chose ; c'est la compétition. Gros consommateurs d'images et de scénarisation de leurs exploits via YouTube, Vine ou Snapchat, ils sont une cible de choix pour les fabricants de drones de sport.
• Leur attribut majeur ? Ce sont des leaders d'opinion. Ils ont un drôle de credo : "être pour durer". A ne pas confondre avec celui des Hell's Angels... même si cela est tentant : "Vivre vite, mourir jeune et faire de beaux cadavres". Cette communauté se décline dans TOUS les sports extrêmes non-balisés et non-sécurisé au sein desquels le danger est omniprésent [Hors-piste, Baston, Vide, Chute...].
• Leur limite marketing ? L'intégrité physique des Traceurs et l'explosion de l'accidentologie.
• Leur disruption sportive à venir ? L'élite sportive urbaine qu'ils constituent avec le Parkour, par exemple, rend totalement désuète la Fédération Française de Gymnastique incapable de les intégrer. Mais cela reste valable pour toutes les disciplines...
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5 - LES HALTÉROFILLES
Les haltérofilles (sic) furent rejetées par un milieu sportif exclusivement masculin durant des décennies. Bannissant toute idée de "Jeux olympique femelles" (re-sic), Coubertin ne fut jamais tendre avec elles. Aujourd'hui, les femmes tiennent leur revanche. Mieux, elles constituent le marché du sport "classique" le plus prometteur tant ses marges de progression semblent importantes. Plébiscitant sans complexe toutes les disciplines, même les plus masculines, elles représentent une sacrée bouffée d'oxygène pour les marques qui, dès lors, les bichonnent. Il faut dire qu'elles leur permettent d'explorer des horizons commerciaux sous exploités chez les hommes. Un exemple ? De la mode à la nutrition, toutes les déclinaisons de la "musculation" sont boostées depuis qu'elles s'y adonnent en masse [d'où le nom donné à cette communauté !]. Leurs credos ? "La forme pas les formes !" ; "Talons aiguille et crampons alus !", pour reprendre des formules forgées par la sociologue Catherine Louveau. Cela donne un marché à multiples facettes que les grandes enseignes s'empressent de servir en rivalisant de créativité.
• Leur attribut majeur ? Les réseaux sociaux sont leur cour de récréation. Elles s'y expriment massivement en usant d'un humour souvent décalé à l'image du blog francobelge "Ellesfontduvélo.com" dans lequel elles se qualifient de "cyclotes".
• Leurs limites marketing ? Elles n'en ont pas vraiment même si elles représentent surtout un marché de Millennials JUB [Jeunes Urbaines Branchées ultra connectées] directement issu de la Génération Y.
• Leur disruption sportive à venir ? D'une créativité débordante et fortes de l'enthousiasme des nouvelles converties [au sport], elles sont mûres pour toutes les aventures technologiques.
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6 - LES LICENCIÉS
Les licenciés, contrairement aux autres communautés sportives, disposent d'un statut officiel : ce sont les "usagers" d'un service public. De fait, depuis le début de la 5ème République, le sport est un secteur éminemment politique qui relève en France des fonctions régaliennes de l'Etat. Pas sûr que ce soit un avantage. La communauté des licenciés se voit en effet proposer des services fédéraux dont les plus récents datent de quelques décennies. La raison ? Ayant reçu une délégation de mission de service public, une fédération sportive est une institution. Or, Une institution n'est jamais le moteur du changement social. Résultat : les fédérations éprouvent de grandes difficultés pour s'adapter aux transformations de l'écosystème sportif. Les services qu'elles proposent sont donc datés. Ce qui ne les empêche pas de licencier beaucoup de Français. Officiellement : 17 millions. En réalité, beaucoup moins car l'Etat ne comptabilise pas des sportifs mais des licences.
• Leur attribut majeur ? Ils sont jeunes : moyenne d'âge 15 ans. Reste que ce ne sont pas eux mais leurs parents qui les inscrivent dans les clubs pour des raisons éducatives... qu'ils n'apprécient pas forcément. Ils font donc souvent contre mauvaise fortune bon cœur. Ce qui explique un turn-over préoccupant dans certaines fédérations comme le judo, par exemple. Plus grave, les licenciés sont massivement des "décrocheurs" dès qu'ils atteignent l'âge de 16 ans.
• Leurs limites marketing ? Ils ne constituent intrinsèquement pas un marché solvable autonome.
• Leurs disruption sportive à venir ? Lorsque les décrocheurs de 2016 seront adultes, ils risquent fort d'apprécier majoritairement les applis et plateformes d'intermédiation sportives qui ubériseront le service public.
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7 - LES SUPPORTERS
Avec les supporters nous quittons l'économie du "sport qui se pratique" pour l'économie du "sport qui se regarde". Ils composent deux groupes très différents : les spectateurs et les téléspectateurs. Pour autant, ces deux groupes bénéficieront bientôt de technologies de production et de consommation d'images identiques. Ce qui va changer beaucoup de choses ! En effet, via des stades connectés en 5G, les premiers se verront proposer un écran "à la place" qu'ils s'empresseront de coupler à leur smartphone pour exploiter des dashboards de big data. Ceux-ci leur seront proposés par des opérateurs spécialisés pour qu'ils profitent d'un "spectacle sportif enrichi". Quant aux second, ils utiliseront chez eux (!) des dispositifs multi-écrans appariés (!!) à des animations dédiées pilotées du bord des terrains (!!!). Cela fera d'eux des téléspectateurs pas si éloignés que cela du spectacle vivant se déroulant dans le stade. La distinction spectateurs/téléspectateurs s'estompera donc en partie. En termes marketing, elle sera en tous cas de moins en moins opérante. A détriment de la fréquentation des stades et des arénas ? Allez savoir !
• Leur attribut majeur ? Ils sont habités par la passion...
• Leur limite marketing ? ...ce qui les conduit parfois à ne pas être clairvoyants pour établir leurs stratégies de consommation qui peuvent s'avérer compulsives.
• Leur disruption sportive à venir ? A une échéance d'une dizaine d'années, les deux groupes pourraient bien plébisciter le même type de spectacle sportif mi réel mi télévisuel. En fait, devenu virtuel, il sera diffusé non plus par les... chaînes de télévision mais par les géants du Web [Facebook, Google, Apple, Twitter, Amazon...].
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8 - LES E-SPORTIFS
Les E-sportifs, à la différence de toutes les autres communautés, ne pratiquent pas le sport dans le monde réel. Ils constituent une extension du dispositif concurrentiel propre aux événements sportifs hors de l'univers physique habituel. Branche hyper connectée du Sport 3.0, ils furent capables de construire un langage universel, c'est-à-dire s'imposant à l'échelle du monde, en quelques années. Une prouesse sémantique rendue possible par le Web 3.0. Leurs leaders sont jeunes et ultra professionnels. Ils vivent au cœur d'une économie sportive florissante qui a vu le jour officiellement en 1997 avec la création de la Cyberathlete Professionnal League [CPL]. Critiqués - forcément critiqués ! - par les milieux sportifs traditionnels qui refusent de les reconnaître, ils expliquent que leur discipline emprunte pourtant aux échecs, au tir à l'arc, au ball-trap, aux courses automobiles et repose sur la tactique, l'analyse des situations de jeu et la précision. Bref, sur des critères identiques à ceux de nombreux jeux sportifs. Reste qu'ils ne convainquent pas. Ils n'en ont cure !
• Leur attribut majeur ? Les foules impressionnantes de passionnés lors des événements CPL internationaux. En conséquence, l'afflux des sponsors.
• Leurs limites marketing ? Ils n'en auront plus lorsqu'ils intégreront la famille olympique.
• Leur disruption sportive à venir ? La Corée du Sud mise énormément sur eux. Quand son voisin chinois s'éveillera au E-sport, ce qui ne saurait tarder (!), plus aucunes limites tant sportives qu'industrielles et commerciales n'existera.
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Vers une Science de la data sport...
Intégrez ces huit communautés dans votre stratégie
Ne croyez surtout pas ceux qui vous diront le contraire... L'accès à cette nouvelle science de la "Data Sport" ne relève pas d'une intelligence sportive hors-norme réservée à quelques décideurs. Tous les acteurs du sport sont en mesure de se l'approprier.
Jugez plutôt.
La simple description des Web Communautés qui structurent le marché français du sport ne présente en-soi qu'un intérêt limité. Une fois depassé un sentiment de curiosité bien naturel, la question est de savoir à quoi cela sert. Depuis 2006, nous travaillons sur la base d'une matrice d'analyse à double entrées simplissime mais qui présente pourtant un avantage déterminant : elle permet d'identifier 100% des Domaines d'Activités Stratégiques [D.A.S.] que recèle l'économie du sport. Nos étudiants la connaissent sur le bout des doigts.
Il suffit donc de se livrer à un petit exercice : positionner chaque communauté dans un ou plusieurs D.A.S. correspondant à ses spécificités. De cette façon, nous obtenons 23 secteurs d'activités commerciales différents à l'intersection des lignes et des colonnes de la matrice. Soit le potentiel actuel et futur de l'économie du sport.
Il ne vous restera plus qu'à créer les applis spécifiques correspondantes pour entrer en relation avec les Communautés sportives ainsi identifiées.
A vous de jouer...
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